Moody Church, Chicago, 6 juillet 2008 — Le temps a passé depuis mes petites notes envoyées de Londres. Un temps de recherche, de doutes, de délibérations — accepter ou non l’offre temporaire de travailler aux USA… Et puis, malheureusement, un temps de deuil, mon grand-père s’étant endormi paisiblement il y a quatre mois.
Le manque, omniprésent, du début s’est doucement transformé en petits laps de temps où l’absence, douleur aigue et fugitive, se profile derrière le brouillard des préoccupations quotidiennes. C’est comme si le mouvement de la vie s’arrêtait soudainement ; le cerveau cherche encore de vaines explications, tentatives impuissantes à recréer ce qui n’est plus.
Alors il se réfugie dans les souvenirs. Et même lorsqu’il est aux prises avec des dilemmes pratiques — « Comment vais-je pouvoir partir tôt aujourd’hui ? » ou « Comment conclure cette réunion ? » —, des images reviennent en foule, comme par flash-back, et creusent les lignes de ma tristesse. C’est une nostalgie silencieuse qui s’empare de mon esprit, un soupir qui ne s’efface pas.
Bien sûr, « la vie continue », « c’est dans l’ordre des choses »… mais il me semble parfois qu’il y a la vie du dehors, avec les gens qui s’affairent, rient, sortent… et tout ce brouhaha se transforme en dérision : à quoi bon toute cette agitation, puisque ceux que j’aime sont loin, puisque ceux que j’aime ne sont plus ?
Bien sûr, je ne peux pas dire ça : ceux que j’aime sont également ici, avec moi, et c’est un bonheur tellement précieux. Mais pendant quelques moments fugitifs, l’idée que je ne peux plus retourner en arrière, savourer encore la présence de ceux qui sont partis, respirer le même air qu’eux, cette idée m'est intolérable. Dans ces moments, je me surprends même à me demander si vraiment je les reverrai un jour.
C’est un peu dans cet état de résignation que je suis allée voir la Moody Church, dans laquelle j’avais assisté à un culte, il y a quatorze ans, alors que j'étais en visite à Chicago. C'est ma tante Joëlle qui avait eu à cœur de m'y emmener à l’époque. Je ne comprenais pas grand-chose à l’anglais, mais j’avais été impressionnée par l’architecture et la musique.
C'est alors que j’entendis une phrase qui me redonna confiance, une phrase qui sonnait comme quelque chose de grandiose, de magnifique — un message auquel on ne peut pas être indifférent : « Cette même création sera libérée de l'esclavage du périssable pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu » (Épître aux Romains, chapitre 8, verset 21).
Je répétais ces mots dans ma tête, comme un baume, une antidote : « …la liberté glorieuse des enfants de… Dieu ». Existe-t-il quelque part plus belle promesse que celle-là ? Même dans ses rêves, on ne peut espérer fin plus heureuse.
Non, vraiment, j’avais beau chercher, je n’avais entendu nulle part pareil message. C’était une promesse unique et complètement suffisante. Et qui agissait déjà dans la vie de tous les jours : « Car nous savons que tout coopère pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Épître aux Romains, chapitre 8, verset 28).
Voilà ce dont je voulais vous faire part aujourd’hui, parce que, forte de cette expérience, je puis reprendre ma marche maintenant, avec joie et confiance.

Emmanuelle
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