Matthieu 20.11b-12: “[…] ils murmurèrent contre leur propriétaire en disant: ‘Ces derniers arrivés n’ont travaillé qu’une heure et tu les as traités comme nous, qui avons supporté la fatigue du jour et de la chaleur!’”.
Ce n’est pas un secret: j’aime le sport. C’est pourquoi les olympiades en particulier sont pour moi un véritable festin. Quelle que soit la discipline, j’espère, je vibre, je souffre, je désespère, j’applaudis, j’exulte…
Et puis, vient le moment de la remise des médailles. Le bronze, l’argent, l’or. Chacun sa médaille, selon son rang. Rien que de très normal.
Sauf que, pour les équipes, tous reçoivent la même récompense. Certains ont largement contribué au succès de leur formation; d’autres beaucoup moins; d’autres encore bien peu, s’ils ont seulement été sollicités! Pourtant, chacun est également récompensé. La même médaille pour tous.
Et personne dans le groupe pour s’en offusquer. Rien que du bonheur, au contraire. Comme si la victoire rendait étonnamment généreux.
Cette générosité, les ouvriers appelés à des moments divers de la journée pour travailler la vigne de leur maître ne la connaissent pas, hélas! D’où les doléances de certains à l’heure de la paie. “Quel scandale! Et la peine que nous nous sommes donnée, nous, depuis six heures ce matin! Ou neuf heures! Ou midi! Est-il admissible qu’eux, là, qui viennent tout juste de se mettre l’œuvre, empochent le même salaire?”
Ah! qu’il nous est difficile de nous défaire de notre culture du mérite! Quand je pense qu’il arrive encore à certains d’entre nous de maugréer lorsque leur revient l’idée que leur récompense ultime ne sera en rien différente de celle réservée à quiconque aura, un jour, invoqué simplement le nom du Seigneur pour être sauvé! “Est-ce cela la justice? Accorder le même honneur à chacun, sans tenir compte de son passé? À quoi, dites-moi, m’aura servi de m’être “décarcassé” toute ma vie pour honorer Dieu? Au cou de ceux-là, qui ne se seront réveillés qu’à la dernière heure après se l’être longtemps coulée douce, pendra la même médaille!”
Oui, il arrive que nous ayons du mal à comprendre notre Maître. Et que nous soyons tentés de le lui faire savoir.
Que nous faut-il faire alors?
D’abord, demander pardon à Dieu. Pardon d’être autocentrés au point d’être incapables de nous réjouir d’une grâce déversée sur d’autres que nous-mêmes. Et voir d’un mauvais œil que le ciel soit bon*.
Ensuite, retrouver la joie du salut. Un cadeau inespéré qui, si nous en mesurons le prix, nous remplira d’un bonheur si intense qu’il nous rendra étonnamment généreux. Au point que, partageant leur bonheur, nous nous préparerons à applaudir sans réserve ceux, quel qu’ait été leur parcours, que le Seigneur aura fait monter avec nous sur le podium suprême.
Enfin, nous rappeler cette phrase merveilleuse de l’apôtre Paul*: “Qu’as-tu que tu n’aies pas reçu?” Une manière de nous détacher de ce que nous considérons encore, hélas! comme des mérites devant Dieu. Il n’est pas une seule œuvre belle dont nous puissions nous enorgueillir. Pas une que nous puissions mettre en avant comme signe tangible d’une quelconque supériorité morale ou spirituelle.
Alors, mais alors seulement, nous réjouirons le cœur de notre Maître. Et notre propre bonheur de médaillé sera complet.
* Verset 15. ** 1 Corinthiens 4.7.