1 Jean 2.15(-16)*: “N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde.”
Mais… dites-moi, Dieu n’a-t-il pas aimé le monde, lui? Au point même de donner son Fils unique, afin qui quiconque croit en lui ne périsse point, mais ait la vie éternelle?
Vous avez raison. Mais le mot “monde” n’a évidemment pas le même sens ici. Il ne renvoie pas au genre humain, qu’il nous faut aimer comme Dieu l’aime, mais à une façon de penser et d’agir contraire au vouloir de l’Être suprême.
Ce ne sont donc pas des individus, mais la tournure d’esprit et le style de vie prônés par les forces hostiles à Dieu qu’en tant que chrétiens nous devons non seulement nous interdire d’aimer, mais encore apprendre à haïr.
Cela dit, quelques exemples concrets de ce qu’il convient que nous rejetions nous seraient utiles.
L’apôtre Jean l’a bien compris, qui, en bon praticien qu’il est, nous livre trois échantillons de ce mode de pensée et d’action qu’il sait incompatible avec la crainte de Dieu.
“La convoitise de la chair”, d’abord. Entendons par là l’incapacité de tenir ses inclinations naturelles en bride; la capitulation devant les exigences de ses instincts marqués au coin du mal.
En ce sens, ne pas aimer le monde consistera pour nous à refuser de nous laisser dominer par nos penchants naturels, mais à les régler plutôt, dussions-nous pour cela nous traiter nous-mêmes durement.
“Si vous vivez en vous conformant à votre nature propre, avertissait déjà Paul**, vous allez mourir, mais si par l’Esprit vous faites mourir les manières d’agir du corps, vous vivrez.”
“La convoitise des yeux”, ensuite. Par quoi nous comprenons un désir impérieux qui assaille non plus de l’intérieur, mais de l’extérieur: le besoin irrépressible de posséder tout ce que l’on voit. La tendance à se laisser séduire par l’apparence extérieure des choses sans s’inquiéter de leur valeur réelle.
Ici, ne pas aimer le monde signifiera donc pour nous, non pas nous accommoder de notre cupidité naturelle, mais à la traiter, au contraire, avec la plus grande sévérité, histoire qu’elle ne fasse pas de nous ses esclaves et ne nous mène à croquer à notre tour le fruit défendu.
“La confiance orgueilleuse dans les biens”, enfin. Autrement dit, l’insolente satisfaction que l’on tire de sa prospérité, qui pousse à croire que l’on n’a plus besoin de se confier en Dieu et autorise que l’on parade, se pavane, se rengorge.
Ne pas aimer le monde, cette fois, reviendra pour nous à nous interdire de fonder notre assurance sur autre chose que Dieu, mais à nous en remettre encore et toujours à lui et à sa grâce pour pourvoir amplement à tous nos vrais besoins.
Et à ne jamais oublier que nous ne possédons rien que nous n’ayons reçu .
À l’amour du monde, préférons toujours l’amour de Dieu.
* Traduction TOB. ** Lire Romains 8.13. *** Relire 1 Corinthiens 4.7.
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