Matthieu 5.39a: “Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant”.
Plutôt inattendue, non? cette injonction de Jésus! Mais est-ce vraiment la première fois que le Maître nous étonne en paraissant prendre le contre-pied de ce que nous estimions raisonnable? Non, bien sûr.
Reste à découvrir quelle leçon nous est administrée ici.
Devinant notre perplexité, Jésus nous propose quatre illustrations: la gifle flanquée, la chemise réclamée, la corvée exigée et l’emprunt sollicité.
Quatre situations dans lesquelles chacun peut se retrouver à tout moment et qui ont ceci en commun qu’elles nous paraissent toutes, bien qu’à des degrés divers, singulièrement désagréables.
Qui aime qu’on le frappe? Ou qu’on le dépouille d’un bien? Ou qu’on le contraigne de rendre un service? Ou qu’on le tape de ses économies?
Pas moi, en tout cas!
Que n’avons-nous pas pensé, sinon dit? Jésus nous reprend maintenant, doucement, mais fermement. “À qui vous frappe sur une joue, tendez l’autre! À qui vous demande votre chemise, donnez aussi votre manteau! À qui vous impose un service, offrez de lui en rendre un autre! À qui vous réclame un crédit, accordez-le-lui!”
Comment comprendre son propos?
S’agit-il pour nous, chrétiens, non seulement de nous aplatir devant l’indélicat, le fâcheux, le culotté ou l’impudent, mais encore de dépasser joyeusement son attente? Et d’encourager ainsi le projet du “méchant”?
L’exemple de Jésus s’indignant après qu’on l’eut giflé* suffit à nous convaincre que tel n’est pas le sens de son discours ici.
Quel est-il alors?
N’oublions pas que le Maître s’adresse ici à ses disciples et à travers eux, à l’ensemble des croyants; à nous, donc, aussi qui, également habités par son Esprit, sommes appelés à vivre comme lui-même a vécu afin d’offrir au monde l’exemple d’un style de vie radicalement différent, préfigurant au sens premier celui qui s’imposera définitivement dans le Royaume des cieux.
Et que trouvons-nous au cœur de ce comportement à la fois nouveau et prophétique? Entre autre, l'aptitude surnaturelle à faire passer le bien de l’autre, quel qu’il soit, avant le sien propre.
Et à ne refuser aucun inconfort, aucune incommodité, aucun dérangement, voire aucun sacrifice susceptible de contribuer à ce bien, qu’il s’agisse de son salut, de son renouveau ou de son progrès.
Ne pas toujours chercher, donc, à se protéger, soi et ses biens, mais, face à l’agresseur ou l’importun, se poser la question: quelle attitude lui opposer, la plus à même de le surprendre, l’interroger, l’éclairer, sinon le convertir?
Sachant qu’il est des cas, à l’évidence nombreux, où résister s’imposera comme la meilleure manière de servir l’intérêt de l’indélicat.
À nous par conséquent de demander à Dieu de nous accorder en temps utile la sagesse nécessaire pour discerner quand faire front plutôt que céder. Et de le prier de nous aider alors à résister au “méchant” non pour préserver à tout prix notre zone de confort, mais avec l’espoir, même ténu, que cette fermeté le dessillera sur lui-même et, qui sait? l’ouvrira à la grâce.
*Lire Jean 18.19-23.
Oui, que Dieu nous donne sa sagesse !
Rédigé par : Antoine | 07/04/2024 à 08:21