Jean 21.17: “Il [Jésus] lui dit, la troisième fois: ‘Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu?’ […]”
Pourquoi revenir une troisième fois* à ce sublime échange? Parce que le vieux pécheur que je suis éprouve à nouveau le besoin impérieux d’entendre mon Sauveur m’assurer de sa voix douce qu’il m’a pardonné? Peut-être. Sans doute.
Mais il est une autre raison, supérieure à n’en point douter, à ce retour: le fait que je ne connais pas d’entretien qui dévoile en si peu de mots la grâce proprement éblouissante du Seigneur.
Particulièrement éloquent, ici, est le fait que Jésus pose trois fois la question: “Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu?” Pas une fois, ni deux, mais bien trois. Pourquoi?
Jean, je crois, nous met sur la piste lorsqu’il précise qu’après que Jésus lui a demandé pour la troisième fois “m’aimes-tu?”, Pierre est envahi par une grande tristesse**. Parce que, cette fois, il comprend! L’intention de Jésus? Le ramener, gentiment, mais fermement, au moment sombre de son reniement coupable.
Alors, lui reviennent en mémoire jusqu’aux détails les plus infimes de sa tragique défaillance. Et il est accablé… Naturellement accablé : comment, en effet, le souvenir brutalement ravivé de sa trahison ne le terrasserait-il pas? Oui, Pierre comprend…
Sauf que, s’il avait vraiment compris le projet de son Maître, ce n’est pas la tristesse qui l’aurait envahi, mais le bonheur. Car que fait Jésus ici, en réalité? Une chose bouleversante: en posant par trois fois la même question à Pierre, il lui offre l’occasion inespérée d’effacer à jamais son triple reniement par une triple protestation de son amour bien réel pour son Seigneur! Parce que seuls trois “Je t’aime”, venus du fond de son cœur, étaient à même de couvrir, jusqu’à les faire définitivement oublier, ses trois malheureux “Je ne te connais pas”.
Ah! l’immensité de la richesse de la grâce divine! Qui s’exprime déjà dans le projet de Jésus d’accorder à Pierre lui-même le soin d’ensevelir à jamais sa triple trahison sous une triple déclaration de son amour pour lui.
Mais une grâce qui se manifeste encore lorsque tout ce que Jésus demande à Pierre est qu’il lui dise simplement: “Je t’aime”! Non pas: “Simon, fils de Jonas, regrettes-tu ce que tu as fait? Simon, fils de Jonas, promets-tu de ne jamais recommencer?” Non. Tout cela viendra, naturellement, si l’amour est là. Mais juste: “M’aimes-tu?”
Parce que l’amour pour lui est ce qui compte par-dessus tout.
Sa manière, donc, de nous rappeler ce qu’il recherche en nous après que nous avons gravement péché contre lui: avant les regrets sincères et les solides résolutions, un cœur qui l’aime vraiment, et qui ne s’en cache pas.
Amis lecteurs, qui ployez aujourd’hui sous le poids d’une lourde faute —ancienne pour les uns, récente pour les autres—, comment vous faire entendre la bonne nouvelle? À celui qui l’a si terriblement désappointé en le désavouant publiquement par trois fois, Jésus, finalement, ne demande qu’une chose: “Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu?”…
Et le dévoilement par Jésus d’une telle grâce, à jamais surabondante, nous ne nous émerveillerait pas?
* Voir nos billets des 15 mai et 18 septembre 2022. ** 21.17: le verbe utilisé pour décrire ce qu’éprouve Pierre éprouve suggère une immense tristesse, un chagrin poignant, une affliction profonde.
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