Matthieu 26.50a: “Jésus lui dit : ‘Mon ami […]’.”
À qui Jésus peut-il bien s’adresser de manière aussi tendre —“Mon ami”— alors qu’une foule nombreuse armée de glaives et de bâtons s’approche pour l’arrêter?
À Judas!
Judas, celui de ses disciples qui vient tout juste de conclure avec ses ennemis jurés le plus vil des marchés: son maître contre le prix dérisoire d’un esclave.
“Mon ami”, lui dit Jésus. “Mon compagnon”, “mon camarade”, “mon ami”.
Mais comment celui qui n’ignore rien, ni des sentiments ni des agissements des hommes peut-il s’adresser en ces termes au félon surgi des ténèbres pour lui donner le baiser de la mort?
Permettez-moi d’oser suggérer ici deux hypothèses complémentaires fondées l’une et l’autre sur ce que nous croyons savoir de son “cœur”.
Jésus a aimé, et il continue d’aimer son jeune élève et commensal. Et sans doute souffre-t-il terriblement de le voir, cette nuit-là, devenu à son insu l’instrument malheureux de son plus farouche ennemi.
Trois ans de compagnonnage auraient dû convaincre l’Iscariot non seulement de placer sa confiance en son maître, mais encore de s’abandonner entièrement à son infinie miséricorde. Comme ses camarades. Ce ne fut pas le cas. Et l’on ne peut pas ne pas percevoir dans le “Mon ami” de Jésus un trouble profond, une peine immense, en même temps qu’une pitié douloureuse.
Ma prière: qu’aucun d’entre nous, qui avons été appelés et enseignés par lui, ne l’afflige jamais pareillement en se détournant de lui! Ne péchons pas, nous, contre l’amour dont nous avons été et sommes toujours aimés!
Jésus espère contre toute espérance que cette adresse tellement affectueuse —“Mon ami”— ravagera la conscience de Judas. Et qu’après qu’il aura fondu en larmes amères, il se repentira.
Mystère d’un Dieu qui sait et, pourtant, voudrait croire encore! Parce qu’il est amour et que l’amour… espère tout.
Judas ne se reprendra pas, hélas! Et plutôt que de saisir la grâce offerte, il se laissera dévorer par les remords et mettra fin à ses jours.
Mais revenons au “cœur” de Jésus tel qu’il se donne à voir en cette funeste circonstance. Un cœur si grand qu’il ne peut se résoudre à abandonner ceux qui ont marché un temps avec lui à leur égarement malheureux.
Une leçon pour nous. Il peut arriver que nous aussi trahissions notre maître. En le reniant par exemple, comme Pierre dans la cour du grand-prêtre. Et que notre conscience, bientôt, nous tourmente au point de nous faire perdre tout espoir de salut.
Plutôt que de sombrer alors dans une déréliction extrême, tendons l’oreille et entendons Jésus nous souffler doucement, tendrement: “Mon ami”…
Parce que son amour pour nous, lui, n’a pas varié et que son bonheur le plus grand serait de pouvoir effacer dans l’instant notre infidélité.
À condition qu’à sa question: “M’aimes-tu?”, nous répondions comme Pierre sur les rives du lac de Tibériade: “Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime”.
Merci de nous redire encore l’immensité et la profondeur de l’Amour de Dieu et de nous inviter à réfléchir sur notre Amour en réponse .
Rédigé par : Helen | 24/03/2024 à 12:22