Matthieu 2.11 : “Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent.”
La tradition veut qu’ils soient au nombre de trois, portent le titre de “rois mages” et répondent aux noms de Balthazar, Gaspard et Melchior. La réalité est sans doute tout autre. Mais qu’importe ? L’essentiel, à l’évidence, est ailleurs.
Mais ne brûlons pas les étapes : commençons par présenter nos illustres pèlerins.
Des “mages”. Le titre désigne ces prêtres, sages, magiciens et autres astrologues dont la caste possède, dans tout l’Orient, un pouvoir religieux et politique non négligeable.
Vient maintenant la question : pourquoi ces “huiles” vénérées ont-elles décidé un jour de s’arracher soudain à leur zone de confort pour gagner, au terme d’une marche éprouvante, la Judée lointaine ?
L’évangéliste nous livre la réponse : l’apparition d’une étoile. Or, selon une croyance orientale, un tel phénomène astral signalait la naissance d’un grand personnage : une sorte de “star system” avant la lettre, si vous voulez !
Restait bien sûr, pour nos fins connaisseurs du ciel, non seulement à identifier l’éminent personnage, mais encore à le localiser.
L’on pense généralement qu’au contact avec la diaspora juive présente dans leur région, ces mages férus d’écrits sacrés s’étaient suffisamment familiarisés avec les écrits hébraïques en général et les oracles de Balaam en particulier* pour lire dans l’étoile fraîchement découverte le signe d’une apparition espérée depuis la nuit des temps : celle du Messie promis aux Juifs, dont le règne était appelé à s’étendre sur tous les peuples.
Le but de leur pèlerinage était donc tout indiqué : Jérusalem. Sauf que le Messie n’était pas à Jérusalem, mais à Bethléhem ! Les prophètes l’avaient annoncé, mais cette prophétie-là avait échappé à nos savants limiers…
Bref ! Les voici dans la maison où logent Joseph et les siens. Et qu’aperçoivent-ils immédiatement ? Un joli bambin, certes, mais comme le sont généralement tous ceux de son âge. Un petit bout de chou plutôt sage, c’est clair, mais qu’il faut encore langer le soir.
Tournons les yeux vers nos érudits stupéfaits : que vont-ils faire maintenant qu’ils ont sous les yeux “le roi des Juifs” ?
D’abord, reconnaître dans ce petit sans aura visible rien de moins que leur souverain, à eux aussi.
Ensuite, s’incliner devant lui, offrant à l’enfant ce qui restera dans l’histoire comme le tout premier hommage des nations.
Enfin, offrir à leur jeune maître or, encens et myrrhe ; leur manière de lui signifier leur immense estime.
Admirables, ces notables venus de l’Est le sont à coup sûr ! Ils ne savent peut-être pas que celui qu’ils contemplent avec tant de déférence est plus qu’un immense souverain : il est Dieu lui-même fait chair, appelé à exercer bientôt un règne aux dimensions cosmiques. Pourtant, ils n’hésitent pas, mais par une triple offrande de prix, signifient aussitôt leur allégeance.
Voici ma proposition : qu’à leur suite, nous qui avons vu grandir et œuvrer en notre faveur l’enfant de Bethléhem, nous nous inclinions à nouveau devant lui et lui offrions plus encore que de précieux trésors, nos vies ! Car c’est là, nous dit Dieu, le culte véritable qu’il attend de nous**.
* Lire Nombres 24, 7 et 17. ** Voir Romains 12.1.